Tribune -“80 ans de Sécurité sociale : refonder notre pactesocial” par Dominique Faure et Philippe Besset.

Ce samedi 4 octobre, la Sécurité sociale fête ses 80 ans. Ce n’est pas un simple anniversaire : c’est un appel à la refondation. En 1945, elle fut une réponse politique et républicaine aux souffrances de la guerre. Aujourd’hui, dans un monde marqué par l’incertitude, elle doit redevenir un projet d’avenir.

Ses racines remontent bien avant 1945. Dès la fin du XIXe siècle, Léon Bourgeois, figure fondatrice du Parti radical, posait les bases du solidarisme : une société fondée sur la dette mutuelle entre citoyens, où la solidarité n’est pas un geste charitable, mais un devoir collectif.

C’est dans cet esprit que nous souhaitons ouvrir le débat et proposer des pistes de refondation de notre modèle social afin de faire face aux défis du XXIe siècle : transition démographique, intelligence artificielle, mutations du travail, fractures territoriales et montée des inégalités.

Nous appelons à renouer avec un équilibre clair entre droits et devoirs. Cela implique une réforme du financement de la protection sociale pour renforcer la justice contributive : le capital doit contribuer davantage, à la hauteur des transformations du monde du travail.

La réforme des retraites, à ce titre, doit reposer sur un principe lisible : garantir à chaque personne ayant vécu et cotisé en France une moyenne de 20 années de retraite, tout en reconnaissant pleinement le rôle des aidants familiaux dans la solidarité intergénérationnelle.

La crise du lien entre médecine de ville et hôpital révèle un système trop cloisonné, mal centralisé, et souvent aveugle aux réalités locales. Les redondances d’actes, l’incohérence des parcours de soins, l’inégalité d’accès sont les symptômes d’un pilotage à revoir, écartant trop souvent les élus locaux. Nous proposons une grande décentralisation de l’organisation de santé, en faisant des Conseils régionaux les véritables chefs d’orchestre de l’organisation des soins. Ils doivent avoir autorité sur les agences régionales de santé, piloter la carte hospitalière, et déployer, en cohérence avec l’offre de soin publique, les conventions avec les professionnels libéraux.

Pour ce faire, il reviendrait aux régions de négocier leurs budgets dans le cadre de conventions d’objectifs et de gestion avec l’Assurance maladie. L’Assurance maladie serait chargée d’optimiser le lien et la coordination entre ces conventions régionales hospitalières et la déclinaison régionale des conventions nationales avec les professionnels de santé libéraux. Cette approche permettrait une meilleure adaptation aux besoins des territoires et une action publique plus lisible et plus efficace, dans le cadre d’une régulation pluriannuelle votée par le Parlement.

Le vieillissement démographique appelle une politique familiale nouvelle. Nous proposons un « capital jour enfant », donnant aux parents plus de liberté pour organiser leur vie familiale tout au long de leur carrière. C’est un levier concret pour relancer la natalité et réconcilier vie professionnelle et personnelle.

Par ailleurs, la Sécurité sociale doit s’adapter aux nouvelles formes d’emploi. Indépendants, auto-entrepreneurs, travailleurs hybrides : tous doivent bénéficier d’une protection équitable et solidaire.

Dans un monde où l’automatisation, l’intelligence artificielle et la fragmentation du travail bouleversent les repères traditionnels, il devient urgent d’ouvrir le débat sur un revenu universel. Celui-ci ne vise pas à remplacer le travail, mais à offrir à chacun un socle de sécurité pour mieux choisir, se former, entreprendre, s’engager et vivre dans la dignité.

C’est une manière concrète de valoriser les activités utiles mais invisibles — comme le bénévolat, la parentalité ou l’aide aux proches — et de lutter contre le non-recours aux droits. Une telle mesure, fidèle à l’esprit du solidarisme, simplifierait l’État social tout en renforçant la cohésion nationale.

À 80 ans, la Sécurité sociale reste l’un des piliers les plus précieux de notre République. Pour qu’elle continue de protéger, elle doit être transformée. Non pas pour la réduire, mais pour la réinventer dans l’esprit du solidarisme et de l’humanisme. Ce modèle n’est pas une charge, mais une promesse : celle d’une société où nul n’est abandonné.

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