La laïcité ce n'est pas l'exclusion, ni la haine. La laïcité doit s’appuyer sur ses textes fondamentaux afin de garantir à chaque citoyenne et à chaque citoyen sa liberté d’opinion, et que chacun respecte les lois de la République française laïque. La laïcité n’est pas adjectivable. Elle doit être sans concession.
En s’appuyant sur ses fondamentaux, la laïcité doit pouvoir répondre aux évolutions de notre société notamment pour réguler la diffusion de contenus religieux extrémistes ou prosélytes en ligne, qui échappent aujourd’hui à la régulation de l’espace physique. Ces contenus polluent les réseaux sociaux et peuvent endoctriner de nombreuses personnes. Cela pourrait déjà se traduire par une veille laïcité numérique avec la création d’un Observatoire de la laïcité numérique chargé de surveiller les discours de haine ou de prosélytisme extrémiste en ligne. On peut aussi imaginer développer des campagnes de sensibilisation sur les réseaux sociaux pour rappeler le rôle protecteur de la laïcité.
Notre école de la République doit offrir à tous les élèves un environnement neutre pour garantir les meilleures conditions d’apprentissage de la citoyenneté et d’émancipation. L’école doit rester neutre afin de permettre à chaque enfant, quel que soit les convictions religieuses de sa famille, de profiter lors de son temps d’école d’un environnement républicain et laïque. Les sorties scolaires font partie du parcours scolaire des élèves, de leur formation. Ainsi, il serait judicieux que les parents accompagnateurs dans le cadre de leur mission de service public ne portent pas de signes ostentatoires, tout comme les écoliers. Il apparaît essentiel de développer un véritable enseignement à la laïcité au travers d’un parcours républicain et laïque. Par exemple, en introduisant un module pratique obligatoire au collège avec des débats citoyens, des études de cas sur les dérives de la laïcité, des échanges sur l’histoire de la loi de 1905 et ses évolutions plus récentes.
La tendance n’est pas à créer de nouveaux jours fériés, cependant l’inscription dans le calendrier du 9 décembre en Journée de la laïcité pourrait se traduire concrètement à l’école par des enseignements spécifiques dans toutes les classes cette journée-là.
Il paraitrait aussi important que les élus, fonctionnaires mais aussi salariés du secteur privé puissent être régulièrement sensibilisés au travers d’une formation républicaine et laïque. Cette dernière aurait également tout son sens pour la formation des soignants de l’hôpital public, afin qu’ils fassent preuve de neutralité absolue en toute connaissance de cause. Cela pourrait se traduire notamment par la formation de tous les soignants à la gestion des situations sensibles (refus de soins pour raisons religieuses, demandes alimentaires, prières dans les chambres) afin de trouver des solutions équilibrées et respectueuses de notre principe de laïcité.
Pour donner un cadre clair aux citoyens et aux institutions, il apparaît nécessaire de codifier la laïcité dans un texte consolidé qui pourrait se traduire par l’inscription d’une charte de la laïcité dans la Constitution par une révision constitutionnelle par l’article 89 de la Constitution de notre Vème République. La constitutionnalisation d’une charte de la laïcité permettrait de détailler le champ de la neutralité de l’État, de réaffirmer la protection des lieux de culte pour éviter qu’ils soient profanés au nom d’une religion afin que chacun puisse exercer son culte librement, de clarifier les droits et devoirs en matière de signes religieux à l’école et dans les lieux et espaces publics, et de donner un appui constitutionnel plus fort aux décisions du Conseil constitutionnel et du Conseil d’État.