“Pour un radicalisme repensé” Par Dominique Faure.

Un positionnement clair et libre

En mal d’identification et dans la confusion politique du moment, le Parti Radical doit afficher une plus grande liberté de ton vis-à-vis du pouvoir actuel. Le suivisme n'a aucun intérêt, ni politique ni électoral, ce qui ne signifie pas être dans l'opposition. Le parti doit porter un discours d'équité d'une part, de transformation et de progrès d’autre part.

Un discours d'équité : chacun ressent confusément que les efforts demandés pour redresser le pays, ne sont pas équitables et donc difficilement acceptables. Ce ressentiment vient nourrir l'extrême droite et l’extrême gauche. Le Parti Radical doit dire que l’équité exige des plus fortunés une contribution à l’effort national. C’est ainsi que les parlementaires radicaux se sont prononcés favorablement sur la proposition dite taxe Zucman. Cette contribution devra être pensée avec discernement pour ne pas risquer de voir s’éloigner ceux qui créent de la valeur et de l’emploi.

Un discours de transformation et de progrès. Le Parti Radical doit renouer avec ce qu'il a été c’est-à-dire un parti de transformation et de progrès qui ne doit pas craindre de porter des idées nouvelles. L'important, dans un premier temps, sera déjà d'être identifié sur autre chose que sur notre histoire. Le Parti Radical doit redevenir un laboratoire d’idées, un espace où s’invente le politique de demain. Nous avons le devoir d’explorer des solutions nouvelles, de faire émerger des propositions audacieuses et pragmatiques qui répondent aux défis de notre temps. Notre rôle est d’oser le réformisme novateur : conjuguer nos valeurs humanistes avec la créativité, l’intelligence collective et l’innovation pour bâtir un discours clair, moderne son cadre conceptuel traditionnel : républicanisme, laïcité, humanisme, universalisme, solidarisme.

L'évolution démographique du pays comme fil conducteur.

Proposons de mettre à profit le ralentissement démographique à venir du pays pour diminuer le nombre d’élèves dans les classes et réaffecter les moyens, pour disposer d'enseignants motivés et bien formés. Sous la III -ème république, les Radicaux avaient fait de l’école publique et de l’instituteur leur étendard. Le métier d'enseignant doit retrouver son prestige et son attractivité, par une meilleure rémunération.

Des ces différents points, il découle une place sur l'échiquier politique qui doit nous amener à discuter, à travailler avec un centre élargi dont il serait le pivot. Le Parti radical doit être ce parti d'équilibre républicain, social-libéral, porteur d’un discours de transformation. C'est cette manière de faire qui doit définir un nouveau radicalisme repensé.

Pour un nouveau radicalisme

L'idée d'un "nouveau radicalisme" peut avoir une vraie pertinence, à condition d'être repensée à l'aune des enjeux considérables qui sont devant nous : l'évolution démographique, le climat et la transformation écologique, la construction européenne mais aussi la montée des tensions internationales. Ces enjeux doivent sous-tendre toute l'action publique et les transformations nécessaires à la racine. C'est là qu'un "nouveau radicalisme " peut trouver à se déployer !  Le nouveau radicalisme doit résider dans cette capacité à proposer les réformes et les évolutions nécessaires.

Agissons pour que notre système de santé et de sécurité sociale prenne à bras le corps la question du vieillissement de la population.

Repensons notre régime des retraites, avec l’introduction d’une part de capitalisation et le libre choix de sa date de départ.

Réfléchissons à formuler de nouvelles propositions au bénéfice des jeunes et des séniors afin qu’ils puissent accéder ou rester plus facilement sur le marché du travail. Disons que le sujet n'est pas seulement de faire travailler plus les Français qui disposent d'un travail et qui le souhaitent mais d'augmenter le nombre de Français au travail.

Osons dire que l’immigration doit faire l'objet d'un examen rationnel et apaisé quant à son intérêt pour notre pays.

Le climat et la transformation écologique pris en compte dans notre nouvel humanisme

Le "nouveau radicalisme" doit proposer que toutes les politiques soient examinées à l'aune de leurs effets sur le climat et l'environnement.  L'écologie doit apparaître en surplomb de tout!  Cette orientation doit nous amener à revisiter notre politique industrielle, énergétique, écologique à l'aune de l'intérêt du fabriqué en France et en Europe. De même, les Radicaux, doivent agir pour une agriculture permettant aux agriculteurs de vivre de leur travail, une industrie décarbonée, un tourisme responsable. Prenons à bras le corps les questions de l’économie circulaire, du développement des tiers-secteurs, des énergies renouvelables, du recyclage, de la sobriété énergétique.  A l’échelle européenne, agissons pour une réelle révision des traités prenant en compte la dimension écologique et environnementale.  Le Parti Radical doit aussi agir pour que la question de l'intelligence artificielle soit véritablement au service des hommes et des femmes, au service de la transition écologique au service de l’éducation sans oublier d’utiliser l'intelligence artificielle comme outil de transformation et d’efficacité des services publics….

Le Parti Radical doit être le parti des territoires

Sur le plan politique, le Parti Radical doit devenir un grand parti porteur d’un discours autour de l’inter-territorialité, un discours de réconciliation entre les métropoles, les territoires péri-urbains, les territoires ruraux et ultramarins. L'organisation territoriale doit faire l'objet d'une nécessaire clarification et la simplification, la lisibilité, la responsabilisation, des territoires doit devenir une ligne directrice pour le Parti Radical.

Le « nouveau radicalisme » que je défends est celui de la justice sociale, de la transformation écologique, de l’innovation démocratique, et de la réconciliation territoriale. Il doit promouvoir l’entrepreneuriat, c’est-à-dire une France qui fait confiance à ses talents et libère les énergies.  Il doit retrouver sa vocation première : être un parti d’équilibre républicain, social et libéral, hostile aux simplismes mais courageux dans la réforme.

Dominique Faure

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